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Eugène Sue


Marie-Joseph Sue dit Eugène Sue, écrivain né le 26 janvier 1804 à Paris et mort à Annecy en exil le 3 août 1857, bien connu du grand public pour ses deux romans à succès : Les mystères de Paris et le Juif errant.

Pour les mêmes raisons que Victor Hugo, Eugène Sue en opposition à Napoléon III fera le choix de s’exiler et s’installera jusqu’à la fin de sa vie à Annecy le Vieux commune voisine de notre charmante ville d’Annecy.

M. Jean-Pierre Galvan a édité deux livres consacrés à Eugène Sue et est l’auteur de la présentation ci-dessous.

Né à Paris le 26 janvier 1804, Marie-Joseph Sue (il choisira bientôt le prénom Eugène) suit des études médiocres au collège Bourbon avant d’entrer comme chirurgien surnuméraire à l’Hôpital de la maison militaire du roi où son père occupe la fonction de médecin en chef.

De 1823 à 1825, il participe à la campagne d’Espagne en qualité de chirurgien auxiliaire puis est affecté à l’hôpital militaire de Toulon. Les deux années suivantes, il navigue sur les mers du Sud, séjourne aux Antilles puis assiste, dans la rade de Navarin, à la dernière grande bataille de la marine à voile opposant la flotte franco-anglo-russe à son homologue turco-égyptienne. Rentré à Paris au début de l’année 1828, il se plonge avec délice dans le monde des petits théâtres du boulevard et, tout en collaborant anonymement à plusieurs journaux, s’amuse à participer à l’écriture de nombreux vaudevilles et comédies.

En 1830, il publie dans La Mode deux courts romans maritimes : Kernok le pirate et El Gitano qui remportent un vif succès dans les milieux littéraires. Repris l’année suivante en volume sous le titre Plik et Plok, ils donnent à leur auteur le « passeport littéraire » qu’il convoite. Atar-Gull (1831), La Salamandre (1832) puis La Vigie de Koat-Ven (1833) assoient définitivement sa réputation comme initiateur du roman maritime en France.

De 1835 à 1837, il publie une Histoire de la marine française qui s’avère un échec pour l’éditeur. Cinq volumes paraissent sur les dix projetés. Jusqu’alors homme de lettres dilettante, il se trouve, en décembre 1837, ruiné et contraint de vivre de sa plume. De retour au roman, il écrit sans relâche et publie successivement Latréaumont (1837), Arthur (1838-1839), Le Marquis de Létorière (1839), Jean Cavalier (1840), Le Commandeur de Malte (1841) Mathilde (1841) etc. Plus que ses romans historiques, ce sont ses romans de mœurs qui lui valent alors le succès et l’adhésion de la critique.

De juin 1842 à octobre 1843, Les Mystères de Paris paraissent dans le feuilleton du Journal des Débats et donnent immédiatement au nom d’Eugène Sue une renommée internationale que nul écrivain n’avait encore jamais connue. Promu défenseur des classes pauvres, il découvre plus avant les réalités économiques et sociales de son époque et inscrit ses romans suivants : Le Juif errant, Martin l’enfant trouvé et Les Sept Péchés capitaux dans un contexte réformiste qui bientôt se radicalise en discours politique.

Elu député de l’extrême gauche à Paris en avril 1850, il rédige avec les Mystères du peuple (1849-1857) une vaste fresque historique retraçant l’histoire d’une famille de prolétaires à travers les âges. Reprenant les théories de l’historien Augustin Thierry sur le partage de la Nation entre les Francs oppresseurs et les Gaulois opprimés, il s’efforce au fil des épisodes d’unir la bourgeoisie et le prolétariat contre l’aristocratie dominante. Les éditeurs des Mystères du peuple seront condamnés par décision de justice en 1857 et le roman sera détruit. Arrêté lors du coup d’Etat de décembre 1851, E. Sue est d’abord emprisonné au Mont Valérien avant de choisir l’exil volontaire en Savoie, province appartenant alors au royaume de Piémont-Sardaigne.

Fixé à Annecy-le-Vieux, il mène une opposition farouche au nouveau régime en place, publiant des brochures anti-bonapartistes tels Jeanne et Louise ou les Familles de transportés (1852), La France sous l’Empire (1857), tout en poursuivant la publication de romans-feuilletons : La Famille Jouffroy (1853-1854), Les Fils de famille (1856), Le Diable médecin (1854-1857), dans lesquels il prêche les vertus laïques républicaines. Adepte du « rationalisme pur », il livre dans le même temps une guerre sans merci au catholicisme dans ses Lettres sur la question religieuse (1856) et meurt en libre penseur, salué par toute la proscription républicaine, à Annecy-le-Vieux, le 3 août 1857.

Jean-Pierre Galvan

Auteur de :
- Les Mystères de Paris. Eugène Sue et ses lecteurs, Coll. Critiques littéraires, L’Harmattan, 1998, 2 vol. in-8°, 432 p. et 432 p.
- Correspondance générale d’Eugène Sue, volume 1 (1825-1840), « Bibliothèque des correspondances – Mémoires et Journaux », Honoré Champion, 2010, 872 p.